On nous informe que le poète Daniel De Bruycker s’est éteint hier 22 septembre 2053 à Tranquebar (Tamil Nadu) des suites d’une longue et pénible maladie : il vivait.
Lui, qui jamais ne fut national, a rendu le souffle à l’aube, le matin même où un délégué du palais devait lui remettre, de la part du Roi des Belges, la traditionnelle bonbonnière en vermeil à l’occasion de ses cent ans. Tous deux en furent fort contrariés.
Avant cela, le disparu avait eu le temps, dans l’ordre ou dans le désordre (mais il faisait rarement dans l’ordre) d’être flamand, critique de jazz et de danse, fumeur de blondes, japonologue, dramaturge, licencié en philo et lettres (à Bruxelles), traducteur de théâtre, concepteur de programmes interactifs, père de deux donzelles aujourd’hui retraitées, grand voyageur en Asie, jobiste à la compagnie du téléphone, bon élève sur le mauvais sujet, auteur de livres de voyage, gardien de morgue militaire (à Cologne), auteur — compositeur — interprète, myope, précepteur d’anglais (à Tokyo), animateur d’ateliers d’écriture pour jeunes enfants, époux fidèle et enfin romancier (à Paris). “ Tout ce qu’il ne faut pas faire entre deux poèmes ! ” auraient été ses dernières paroles.

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Photo © Michel Durigneux