L’Auteur…
Adelyne Yzac
Je suis née dans un lieu-dit du bout du monde, dans un ourlet secret aussi reculé qu’un creux de page froissée, à une enjambée de Lascaux. En ce pays, j’ai vécu vingt ans parmi les «gens de peu», les gens de l’ordinaire, je suis d’un peuple de cultivateurs et de diseurs. Et puis, naquirent en ces terres les troubadours, Montaigne, La Boétie, Brantôme, Fénelon. J’ai gardé des chasseurs certain goût pour le braconnage, le silence et l’affût ; et des écrivains la joie de l’étude immobile et assidue. J’aime me tenir à l’écart du monde, arrêtée dans ma maison d’écriture et laisser venir les épices, les tragédies et les merveilles.
Les récits frappent à ma porte, ce sont des voyageurs qui viennent de loin, de forêts secrètes, d’estuaires remontés à rebrousse-marées, ils vont vêtus d’énigmes et d’odeurs du monde, ils ont soif et faim de la langue, je les accueille, je les écoute, je les nourris, je les écris. Les uns ont beaucoup à dire, les autres sont plus laconiques, certains mettent du temps à se raconter, d’autres encore se disent en quelques phrases et il y a les muets qui attendent dans l’ombre. Quelques uns deviennent des récits pour les tout petits, d’autres s’adressent aux jeunes et certains se réservent pour les adultes.
Il en ressort des récits autour des troubles mentaux (la maladie d’Alzheimer dans Très vieux monsieur), la question du massacre des juifs (Le jardin de Jeanne), la sexualité des garçons (Jeu de mains), l’enchantement de la lecture (La toute pleine de grâce), le goût pour la parole (La princesse du jour). Les histoires, joyeuses, loufoques ou souffreteuses, ont bien compris que j’aime la bonne humeur, la palabre, le plaisir du temps donné à l’humanité, l’hospitalité et… la langue. (Adeline Yzac)
La toute pleine de grâce est son premier livre publié par L’Amourier éditions.