Extrait
Lors que l’on publiait des gravures autrefois, portraits de classiques de l’antiquité ou contemporains, on les accompagnait de courts poèmes. Ainsi j’ai souvent commenté des photographies ou eaux-fortes. Certains textes ont été publiés ailleurs ; mais qui peut se flatter d’avoir une fois rassemblé tous ses amis ? La plupart d’entre eux sont naturellement amis entre eux ; cela forme comme un réseau ; chacun pourrait proposer son rassemblement, auquel il ajouterait d’autres noms. Il y a des vivants et des morts, des anciens et des modernes, certains que j’ai beaucoup fréquentés, d’autres que nécessairement je n’ai connus que par leurs livres, leurs peintures ou leur musique. Il y en a à qui j’ai eu l’occasion de rendre hommage plusieurs fois, d’autres à qui je rendrai vraisemblablement hommage encore. Voici donc une réunion de quarante-six amis que j’ai tenté de décrire en quelques lignes. Il s’agit souvent d’une seule phrase qui n’a nullement la prétention de faire le tour de son sujet. Il s’agit de le faire apparaître. Il faut dire qu’en général l’image aide beaucoup, mais il y en a en général aujourd’hui des centaines en suspension dans l’effervescence médiatique. La petite fête d’aujourd’hui comporte une centaine de pages. De quoi lever son verre bien des fois pour intensifier la présence de ceux qui ne sont jamais ni complètement apparus ni complètement disparus.
Michel Butor
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