Extrait
Comme des pas qui s’éloignent n’est pas une relation de promenade.
Ni au dehors même si le monde extérieur y est fortement dessiné depuis ses brumes, ses ciels nocturnes, ses pierriers, ses arbres, ses étangs, ses feux éteints, dressé jusque dans la finitude de ses noms ; ni au dedans même si quelque chose remonte du fond des jours, pans obscurs, taches mortes ou paquets de froid, soudain.
Ou alors ce serait dans leur entre-deux. Voilà, des pas de langue. À pas de loup dans la langue. Comme quand les loups grattent le sol, le déchaussent jusqu’à pouvoir y gîter. Un temps, du moins. Et que leurs pas sont, terre et herbes mêlées, cette croûte qu’ils rejettent. C’est peut-être de là que vient ce sentiment d’être moins face à des souvenirs qu’à quelque chose qui se construirait ; quelque chose qui serait de l’ordre d’un récit au ralenti, aux références narratives englouties ; quelque chose comme une impossible histoire.
Et ce sont bien des pas qui s’éloignent dans ces textes, laissant derrière eux le poids des scories qui empêchaient de gagner en légèreté.
Des pas comme une mue. Pour faire mus. Et rester le museau en l’air. Dans les tourments d’un ciel véhément.
Cela s’appelle muser.
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