Extrait
Dans les ramas repose sur un aller-retour incessant entre exposition et retrait, entre repaires montagnards et bascules des villes, solitude et histoire. Là où tout est muet – le plus souvent en bordure d’un monde mouvant, imprévisible et dangereux comme le nôtre – établir le silence est affaire de ce bleu d’éclipse qui tel un défroissé d’âme qui passe traverse cette fine terre du poème feuilletée d’air et de lumière, parole qui se risque à dire son mot sur les horreurs, outrances, zones d’ombre où se noie toute réalité. Parole qui entend prendre le silence sous sa sauvegarde, celui qui crée un écart qui garde suspendu à sa source l’élan du sens, « voix de demain. Et qui déjà appelle à la relève ».`
Dans les ramas mêle à ces compositions bloc de prose sur bloc de prose que l’on trouvait dans les deux livres précédents, des poèmes/poèmes quand ce n’est pas à l’intérieur d’un même texte que jouent ces écritures. Importe le lien rythmique qui fait tenir en un ensemble ouvert et mobile les pièces ici rassemblées.
On a risqué le mot « ramas » pour aller contre le sens péjoratif qui s’attache aujourd’hui à l’idée de « ramassis », amas informe, tas et pour valoriser au contraire l’idée d’ajustement qui préside à cet art de confectionner ces fagots de bois tombé à partir des brisées abandonnées au sol par les bêtes de la nuit en leurs passées et qu’on laisse en forêt au pied de quelques arbres. Ce sont ces ramas qui permettent de démarrer tous les feux. Ceux tournant des livres aussi.
On a risqué le mot « ramas » pour faire signe vers ce bois partageable qui attend en nos forêts et sur lequel aucun pouvoir n’a de prise.
Ici donc cinq ramas, passeurs de feu, de silence, de sens. Qu’un vent tisonnier avive.
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