Dans un berceau de terre

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Le grand malheur est notre vrai mystère. La vie le boit jusqu’à la lie, jusqu’à la joie qui s’en revient et souffle, soulagée, dans l’aube qui déborde. Que ce soit là mon livre, que ce soit là le jour où, fatigués et repentis, nous reprenons la route de la chance et revenons, chacun de son côté, en souvenir de nous, en remerciant la vie, à l’essentiel de tout.

Format 14 x 15 cm
Pages 56
Collection “D’Aventures”
Couverture Derez A Derez
Prix 8,70 € 8,30 €
(remise 5% liée à la vente en ligne)

UGS : 9782911718885 Catégorie :

Extrait

Peut-être les mots qui suivent ont-ils plus à voir avec le silence qu’avec la parole. Sans doute sont-ils un chemin de plus vers nulle part. Il nous a bien semblé avoir vécu, avoir connu quelqu’un, et qu’un espace avait eu lieu. Durant cette impression la vie s’est écoulée. Quel sens désormais ? Manquera-t-il toujours un point à l’infini, une seconde à l’éternité ? En respirant une dernière fois la fleur des champs, sur cette terre du Sud natal, perdue de cimes et de soleil, nous aimerions que notre oubli soit un berceau.

Cap au Sud. Par tous chemins et par tous temps, mots et couleurs mêlés.
Cap sur l’oubli. Quand il est amitié d’une terre qui rend écho de l’été.
Droit vers l’étoile qui monte des braises de ces courts tableaux de Jacques Bloy.
Cela s’appelle le petit jour.
Et c’est la joie qui reprend. Comme un feu.

Qu’ils évoquent l’origine ou la fin, les tableaux du Berceau expriment l’absence et l’oubli. Dans cette nudité des choses, leur but est moins d’éclairer que de susciter la lumière. Le Sud hante les pages du livre, un Sud cruel et ténébreux, coloré et limpide, où la parole ne répond pas à la question qu’elle pose mais cherche à s’approcher, à apprivoiser, à rendre familier ce sort d’être qui nous échoit. Se rapprocher de l’incroyable. Caresser le mystère. Cette parole est un simple projet d’amitié.
Les Chemins et parchemins qui suivent sinuent entre des tombes de silence et des vies d’expression. La vision, le passé, le phantasme se mélangent dans un art où la peinture embrasse à pleine bouche, où la musique tord ses instruments, où l’homme passe, mal assuré, et pourtant bien tranquille. La mort omniprésente est la dépositaire du sens. Elle est la grande porte gothique du monde qui s’appelle la vie.

La dédicace de l’auteur

Ami, on ne transforme pas la boue en or. Ce sont des projets d’assassin. Sur le chemin des champs, poussant le derrière ondulant du troupeau, il y a mon enfance innocente aux couleurs de l’été. Je la revois marcher vers la crue monotone du soir. Dans la maison aux murs épais l’air frais est un vrai réconfort. Les verres attendent sur la table, autour du vin en pot qui laisse la bouche bleue. Entrons, buvons, tournons à la nuit soûle, près des coins renfrognés où l’ombre s’est tapie en se méfiant de nous. Elle a raison. Nous nous taisons, et le silence ne présage rien de vrai. Alors parlons. Parlons des poireaux vinaigrette du menu. Parlons des êtres retrouvés dans l’Etre disparu. De toi, de moi, de la vie telle qu’elle va, amère et refleurie, mortelle et sans regret. Le grand malheur est notre vrai mystère. La vie le boit jusqu’à la lie, jusqu’à la joie qui s’en revient et souffle, soulagée, dans l’aube qui déborde. Que ce soit là mon livre, que ce soit là le jour où, fatigués et repentis, nous reprenons la route de la chance et revenons, chacun de son côté, en souvenir de nous, en remerciant la vie, à l’essentiel de tout.

En serpent plus malin que la hache l’angoisse se taisait. Ne pas siffler, ne jamais dire, ôter de l’ombre l’empreinte de son pas, et blanchir avec l’aube en endormant l’esprit, non loin des bivouacs. Des êtres différents, des bohémiens, avaient couru sur des chevaux pour rattraper le temps, leur corps pesant autant que la lumière. Leurs rêves avaient la fièvre des beaux jours, le coeur battant, le ventre chaud. Autant poursuivre une ombre, mais encercler les jours plaisait à l’illusion. Tourner autour des mots en désignant un centre. Ainsi la liberté se nourrissait d’étreintes. Il en naissait des voies perdues, des bribes d’infini au corps de femme. Des nuits étroites hurlant avec la mue. Ce n’était qu’un début et l’aube était immense. A un point du secret, chaque instant se pliait au connu, chaque endroit retournait au silence.

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Spécifications

Poids112 g
ISBN

2-911718-88-7

EAN

9782911718885

ISSN

1621-7241

Collection

D'Aventures

Format

14 x 15 cm

Pages

56

Prix

8,70€

Dépôt légal

1er trimestre 2003

Auteur

Jacques Bloy

Editeur

L'Amourier éditions