Extrait
Une femme meurt. Une enquête est ouverte. On parle de mort violente. On relève des traces, des empreintes. On réunit des preuves, des témoignages, des objets, des notes. On établit un emploi du temps. Ça tient debout. Ça a un air de ressemblance. C’est la vérité. C’est le délire. C’est la mémoire. Tout compte fait il reste le hasard, la fragilité, le désir de mort, le désir de meurtre.
Ce texte relève du malaise et de l’éblouissement. Les phrases de Claude Held sont comme cordes tendues sur le vide, néanmoins nouées entre elles. Elles constituent un ensemble cohérent alors même qu’elles sectionnent cette continuité qui, traditionnellement, est supposée faire sens. Nos modes de lecture volent en éclats; les liens logiques permettant de bâtir progressivement le mouvement d’un récit ne s’inscrivent plus dans la continuité, ils doivent ici être recomposés Dans la mesure où le tissu du temps est altéré, les souvenirs passent par les déchirures et s’imposent au gré d’un rythme qui semble relever du désordre, mais qui obéit en fait aux scansions de la mémoire: Tout ce que tu vois est là, dans la cassure. Tu observes la trace entre les morceaux collés.
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