Extrait
De quoi sommes-nous faits ? De l’étoffe du monde. Et qu’est-ce que le monde ? Un vaste archipel.
Regardez en vous-même et autour de vous : partout, sous des formes multiples, un même être se déploie dans l’étendue. Chaque atome de sa chair “ est la chance d’un fruit mûr ” (Paul Valéry), chaque île qu’il dessine à la surface de la mer est la matière du mouvement qui nous exhale.
Une rose, un galet, la lune ; Éros, Narcisse, Gabriel ; Fragonard, Van Gogh, Rubens ; un fleuve, un désert, une vigne ; les saisons, les passions, la lumière ; l’Éden, l’Orient, Venise : autant d’événements qui ne cessent de poindre sur cet horizon jamais clos.
Il fallait, pour surprendre l’éclosion de ces Archipels, se placer au croisement du langage et du monde, dans cet espace où le regard devient “ de-telle-sorte-qu’on-le-parle ” (Francis Ponge), dans ce moment où la pensée fait corps, où le corps fait image, où l’image fait langue, où la langue elle-même s’aventure hors de soi pour se faire substance.
Cet espace et ce moment sont ceux de la seule vie possible, nôtres à jamais quelque nom qu’on leur donne : fictions, drames ou poèmes.
C. J. Sandher
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