Extrait
Bibliographies de Bernard Noël, Alain Freixe et Raphaël Monticelli
Propos du livre
Traces du temps est signé par Bernard Noël, Alain Freixe et Raphaël Monticelli. trois proches du plasticien italien Leonardo Rosa, trois auteurs intéressés par son regard qui sait donner vie à l’infime, à ce qui reste.
Imaginez, deux ans à observer se décomposer des cosses de fèves ! À accompagner le mystère du vivant ! À recueillir les cendres de leur “ feu humide ” sur divers supports ! Puis, un jour, Bernard Noël, témoin direct de cette métamorphose, inscrivit directement ses mots à même les traces abandonnées par les acides végétaux. C’était dans l’atelier de Leonardo Rosa. C’est cette manière d’aller l’amble qui s’illustre en sept reproductions quadrichromie annotées du texte manuscrit de Bernard Noël dans le cahier central de ce beau livre au format 24×34. Alain Freixe et Raphaël Monticelli accompagnent la marche de leurs amis.
Extrait
Extrait du temps 4
Parfois quelque chose vient vers nous depuis un fond. Mais ce fond n’existe qu’en nous, et nous n’en savons rien. Le regard se tourne si naturellement vers l’espace intérieur qu’il devient cet espace sans faire la différence. Nous entrons dans l’invisible sans le voir. C’est son secret et – pourquoi pas – sa défense. L’art construit la porte qui donne à la fois sur l’intérieur et l’extérieur. Elle tourne d’autant mieux qu’elle est faite avec presque rien.
Bernard Noël
Feu humide 28
Fèves, je vois des sèves. À l’envers. Leurs brûlures. Ces tavelures. Ces boursouflures. Ces remous du papier. Et l’écume autour de ces taches peu sûres. Comme émigrées.
Fèves, j’entends des rêves. Ce peu qui reste de jour. Cette trêve dans la guerre de nuit. Avant sa victoire. En bas. Cosse butée sur elle-même, vernissée d’air, givrée au noir d’un froid passé.
Alain Freixe
Fab(ul)a 2
(Autour de toi les cris de la haine et de la peur)
Tu poses les yeux sur cet espace restreint
ton regard repose dans la tendre demeure d’où germe toute vie
dans le balancement des odeurs vertes de la terre mouillée
la vibration lente des souvenirs
cette caresse fraîche entre peau et mémoire
Toute vie se délite et flétrit
Elle rend au monde ses eaux et le motif de sa présence
Raphaël Monticelli
Presse : Chronique de Jean-Marc Stricker sur France-Inter
Illustrations
Œuvres de Leonardo Rosa.
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