Extrait
Retiré dans sa campagne pour écrire, le narrateur écoute en lui battre le sang des morts. Ce sont eux qui le font parler.
Certes, ce n’est pas lui qui se retrouve à Westerbork avec Etty Hillesum. Ni dans le ghetto de Varsovie avec Yitskhok Katzenelson. Ni sur le pont de Brest-Litovsk sur les traces de Margarete Buber-Neumann. Ni à Auschwitz en compagnie d’Imre Kertész. Ni à Hiroshima aux côtés de Tôge Sankichi. Ni dans la Kolyma dans l’ombre de Varlam Chalamov. Ni sous les roues d’une auto à Ostia avec Pier Paolo Pasolini.
Ce n’est pas lui – ce ne sont que ses mots. Réunis dans un livre qui n’est que l’ombre portée d’une réalité qui n’en finit pas de nous escorter, et qu’il s’obstine à vouloir nommer, peser, interroger.
“ Sont toujours là les en-allés. Pas question d’en faire son deuil. Jamais. Sont toujours là. Ils ne “ revivent ” pas. Ils vivent. En nous, en vous, en moi. Quand ma bouche s’ouvre et qu’en surgit un peu de leur parole, ma joie m’étoufferait presque. Mais cela ne fait pas mon bonheur pour autant.” M.D.
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