Extrait
Une jeune fille s’apprête, comme tous les soirs à l’heure où le crépuscule d’automne s’annonce, à lire l’ouvrage choisi dans la bibliothèque familiale par son grand-père, lequel est grand amoureux des livres et de la langue. Alors même qu’elle passe le seuil de la maison (on est à Montignac-Lascaux) pour gagner le jardin de lecture qu’elle a créé, Felicidad Archambault raconte comment elle en vint au goût de lire; comment la langue la bouleverse et l’accompagne; combien elle demeura privée de mots et de paroles jusqu’à ses douze ans; et ce qu’il en fut pour elle de venir au monde dans un bidonville de Santiago du Chili, d’y vivre comme mouche sous un pot, enfant-esclave de coquins pour qui tuer était ruiner d’abord la langue qui fait l’humanité de chacun; et le miracle qu’elle connut d’être un matin enlevée au désastre.
Au-delà d’un récit sur les livres et la lecture, La toute pleine de grâce est la métaphore de ce qu’il adviendrait si nous en venions à si peu aimer la langue, à si peu l’entourer que nous la perdions et que par là même nous perdions l’espèce.
Avis
Il n'y a pas encore d'avis.