Extrait
Bien avant La vacation et La maladie de Sachs, Martin Winckler a nourri le projet d’un vaste roman où devaient se retrouver les thèmes dominants de son univers: la vie, l’écriture… et l’humour. “Ce roman à plusieurs entrées était aussi une métaphore de la rencontre entre un lecteur qui voulait devenir écrivain et un écrivain qui n’écrivait plus, un écrivain disparu. La rencontre impossible entre un vivant et un mort. Inévitablement c’était aussi un travail de deuil. Bref, le Roman Total. Le Livre du Grand Tout.” Le Mystère Marcœur est le germe intime de ce livre, un aperçu des principaux moments de sa création. Livre polymorphe, oscillant entre gravité et dérision, il est aussi une saisissante méditation sur l’écriture et, en ce sens, une porte ouverte sur l’atelier de création de Martin Winckler. De l’aveu même de l’auteur, c’est bien de ce premier texte que sont nés les suivants: “chaque livre, fût-il inachevé – contient en germe tous les autres livres, – pour ne pas dire toute l’écriture.”
Marcœur écrit.
Partout, n’importe quand, avec ce qui lui tombe sous la main, sur n’importe quoi. Dans Tourmens qui le cerne et le porte, les hommes vivent hors des lignes de ses Cahiers. Les pages filent. Les hommes trébuchent. Les mots se dispersent ou se rassemblent. Les hommes hésitent. La plume glisse. Les hommes changent. Un manuscrit informe prend, jour après jour, la place de la fuyante pensée. Les hommes crient. Bientôt il y aura sur le papier quelque chose de ces cris. Les jours passent. Les enfants jouent. L’air se réchauffe. La mort renverse une ou deux quilles de sa boule folle.
Marcœur écrit.
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