Des heures froides

Pays bleu qu’on lisait à la chaleur du poêle
À bûches cassées par les cantonniers.
On savait lire en vrai. Le bleu
N’avait pas un nuage.
Si bleu si nôtre qu’on n’avait pas d’âge.
Pas encore piétiné la sciure des doutes.
Les années étaient nues
Sans robe noire. Maintenant
Où sont les mots inséparables
Pays bleu? Déjà perdus?

Le bac à sable dès septembre
Recouvert de feuilles mortes. Le mot passa
Dans les dictées. Il reste mort.
Couleur de la terre primaire
Pour tombereau.
Regarde de tes yeux vieillis
Sous ce sable déjà
La terre. L’intouchable
Testament. Le
Tout perdu.

Vide violence ça résonne avec l’odeur
Des meubles déplacés. La tache
Claire sur le mur. L’issue
Qui donne chez les morts.
Quarante années de location ont conflué
Dans la poussière. L’escalier
De l’adieu. Les clés ferraillent
Sans appel. Vide à louer.
Sur le trottoir tout en bas de l’immeuble comme
On est petits. Perdus.

De son deuxième qui donnait sur un jardin
La terre est jusqu’à lui
Montée. On l’avait pourtant vu dimanche
Parmi ceux qui vieillissent
Parler du corps du temps des petites
Douleurs. La terre a décidé sans eux. Dimanche
Ne sera plus au bord de la semaine
Sur le banc du quartier.
La photo du rare
Ne bougez plus s’est perdue.

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